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05 octobre 2013 - Belles Demeures

Sortie Châteaux et Belles Demeures en Pays de Hautefort

Le 5 octobre 2013, en remerciement pour leur accueil du 28 juillet 2012, lors d'une visite que nous fîmes des alentours de Sainte-Orse, HNP organisait pour les adhérents de Sainte-Orse, Mémoire et Patrimoine, une visite de belles demeures visibles aux environs de Hautefort.

Cette visite eut un franc succès puisque 80 personnes environ y prirent part.

Prenez connaissance du parcours et de cette visite, décrits ci-après par Jacques Pistré. Des photos sont également jointes à ce descriptif.



Découverte “Châteaux et Belles Demeures” 1

5 octobre 2013

 

C’est un cortège impressionnant qui quitte la Place de Granges d’Ans pour se diriger, en ce matin du 5 octobre 2013, vers la propriété de Françoise VILLOTTE-BERTRANDY à Marsingeas. Près de 80 personnes sont au rendez-vous : en effet cette journée de découverte de quelques belles demeures du Pays de Hautefort a été l’occasion de rendre l’invitation que nous avaient faite fin juillet nos amis de Sainte Orse, Mémoire et Patrimoine, qui nous accompagnent aujourd’hui.

 

Marsingeas

La “RD 704” franchie, nous nous garons à l’entrée de la propriété de Madame VILLOTTE et terminons notre trajet à pied, cheminant le long d’une allée fleurie, entourée de murets, à partir de laquelle on découvre l’imposante construction couverte d’ardoises. Au fur et à mesure de notre avancée, se révèle une structure compacte constituée de plusieurs corps de bâtiments, témoins d’une évolution au cours des temps.

Madame Françoise VILLOTTE nous accueille à l’entrée des allées pavées de la cour. Pendant que nous nous regroupons, nous pouvons admirer l’aile Sud, considérée comme la plus ancienne (probablement 15ème-16ème siècles) avec sa tour dite “du marquis” et l’aile Est-Ouest, plus récente (fin du 17ème début du 18ème), agrémentée d’un bandeau mouluré et d’une belle girouette. En examinant plus en détail, on aperçoit sur la gauche un four à pain, rattaché à cette aile. La masse imposante des corps de bâtiments situés à l’opposé de la cour d’arrivée, qui nous sont apparus lors de notre approche, ne pourront être admirés que plus tard lorsque nous contournerons l’édifice. Il s’agit sans aucun doute des restes de fortifications moyenâgeuses sur lesquelles ont été établis les bâtiments actuels. En nous retournant, nous pouvons admirer un pigeonnier très bien restauré, construit sur un tertre engazonné au milieu duquel un marronnier centenaire abrite un splendide massif de cyclamens en fleurs. Un peu à l’écart, une grange en pierres du pays complète cet ensemble.

Madame VILLOTTE nous fait part de l’histoire de cette propriété, de ses origines très anciennes à nos jours, ainsi qu’à celle de ses propriétaires successifs1. Ce sont essentiellement quatre familles qui ont habité et fait évoluer cette propriété : les JOFFRE et les SAUTET entre 1650 et 1818, puis les LACHÈZE entre 1842 et 1959, date de l’achat par Henri et Jeanne VILLOTTE, parents de Madame Françoise VILLOTTE.

Les intérieurs des bâtiments ne seront pas visités eu égard à l’importance de notre groupe, ceci malgré l’invitation insistante de Madame VILLOTTE. On peut toutefois apercevoir une pièce de séjour magnifique ainsi que l’entrée du four à pain.

 

Badefols d’Ans

Nous regagnons nos voitures pour nous diriger vers Badefols d’Ans en passant par la route de La Chapelle Saint Jean afin de profiter de la très belle vue sur le château d’Hautefort ainsi que sur le Nord de la Dordogne. La météo en a décidé autrement, un ciel bas d’automne nous a enveloppés et la pluie a commencé à tomber.

C’est donc sous les parapluies et les K-ways que nous avons “visité” le château de Badefols.

Nous arrivons par la route de la Croix d’Espagne et rangeons nos véhicules sur le foirail et c’est à pied que nous gagnons la grille d’entrée du parc pour accéder finalement à la terrasse du 18ème à partir de laquelle se révèle un paysage de collines s’ouvrant du Nord-Ouest au Nord-Est sur plusieurs dizaines de kilomètres. La forteresse est là sur notre gauche, compacte, massive, vertigineuse, flanquée d’un corps de logis érigé au 18ème, résidence actuelle des propriétaires, depuis le pillage et la destruction par le feu de la partie pluri-centenaire, par une colonne de SS de la division du Gal  BREHMER, le 1er avril 19442. En l’absence de Monsieur Adhémar de LESTRADE, c’est Pierre VILLOT, organisateur de cette journée découverte qui commente la visite. L’histoire des débuts de ce château3 est étroitement liée à celle de la Guerre de Cent Ans. Quelques siècles plus tard, à partir de 1633, les ROYERE, en particulier Marguerite de ROYERE, née de BADEFOLS, se rendra à la Cour afin d’assurer un avenir à ses enfants. Les ROYERE resteront propriétaires du château pendant plus d’une centaine d’années. Ce sont eux qui ont entrepris les très importants (et sans doute ruineux) travaux dont il est question ci-dessus. Diverses familles occuperont successivement les lieux. À la fin du 19ème siècle, la famille actuelle, les de LESTRADE de CONTY, descendants des LABROUSSE de BEAUREGARD en devient propriétaire.

Nous sortons par le portail de l’entrée principale et faisons une halte sur la place de l’église pour observer la plaque commémorative des évènements de 1944 élevée en la mémoire de Jehan de LESTRADE de CONTY, membre du réseau Combat, mort en déportation, et compléter notre visite par les précisions données par Pierre VILLOT sur les “enfeu” de l’église, ainsi que sur les nombreuses croix de processions de la paroisse (croix d’Espagne, croix des Têtes, croix de l’Orme, croix de Suze, croix de la Cardeuse, croix de Pagnoux, croix des Carrières, etc, etc…).

 

La Rochette

Nous reprenons les voitures pour nous rendre à “la Rochette” en suivant la route de Saint Agnan. L’averse a cessé comme par miracle et c’est avec un temps très agréable que nous pouvons profiter de l’accueil chaleureux qui nous a été réservé par Monsieur Thomas Mac DONALD dans sa magnifique propriété. Monsieur Mac DONALD est un amoureux des belles choses et de leur authenticité historique et régionale. Sa connaissance en la matière est impressionnante et passionne l’auditoire. Il nous brosse un tableau de l’histoire de “La Rochette”, de son évolution, des propriétaires successifs, notamment les REYNAUD de La ROCHETTE4, l’état de la propriété lors de son acquisition en 1990, l’évolution des travaux de restauration, ses projets. Nous parcourons les allées, contournons les bâtiments, tout est magnifiquement restauré. Depuis la terrasse Est, la vue se perd au loin sur les collines boisées et les gros bourgs du Limousin ; Hautefort et Badefols apparaissent entre les arbres. Un jardin établi en forme de coquille St Jacques situé en contrebas est en cours d’élaboration. En nous retournant, on peut voir la façade primitive, restaurée et agrémentée d’un perron à double escalier, réalisé dans le plus pur style local à l’aide exclusive de matériaux de récupération. Cet ajout donne à l’ensemble de l’édifice une certaine noblesse qui vient opportunément rappeler la qualité de “nobles bourgeois” des Raynaud de Larochette.

En repartant, une visite s’impose, celle de la chapelle, également magnifiquement restaurée, aussi bien intérieurement qu’extérieurement. Tout doit être apprécié dans l’ensemble comme dans les détails : la façade, la porte et son système de gonds, le plafond, les vitraux et particulièrement l’autel en noyer ancien, copie à l’identique de celui de l’église de St Robert.

En remontant, l’attention est attirée sur la droite par un garage où sont stationnées quelques voitures anciennes minutieusement restaurées. Plusieurs d’entre nous nous approchons et voyant notre intérêt, Monsieur McDonald nous fait le plaisir de retirer la house et découvrir un vrai joyau sous la forme d’une énorme Cadillac de 1937 remise en état par un spécialiste en Belgique. Une voiture dont il nous relate l’histoire, mais c’est une autre histoire…

 

Nailhac

Le cortège des voitures prend la direction de Nailhac en suivant la petite route qui mène au Verdier. Arrivés dans le bourg, nous pouvons observer l’église et son clocher-mur, puis nous regrouper pour entendre la présentation par Monsieur Alain CLUZEAU, représentant Monsieur le Maire de Nailhac retenu par ailleurs, de cette commune tournée vers la culture de la noix. Avec Pierre VILLOT, ils évoquent ensuite la vie d’un enfant du pays, industriel devenu célèbre, Sylvain FLOIRAT (c.f. les liens en bas de page).

Un repas nous attend à la salle des fêtes. Notre groupe étant près de deux fois plus important que prévu, les organisateurs et en premier lieu Pierre VILLOT ont dû faire preuve d’imagination car le repas à l’auberge, initialement retenu, ne pouvait s’y dérouler faute de place suffisante. C’est donc la salle des fêtes, aimablement prêtée par la municipalité, qui nous accueillera pour un excellent repas servi dans les règles de l’art.

 

Maison CLERVAUX

Après nous être un peu attardés pour cette manifestation conviviale, nous sommes invités par Madame Odile CHASSAING à visiter la maison “CLERVAUX” et son parc5. Madame CHASSAING a hérité ce bien de ses parents, le colonel Raoul ELME-GUIZON et Madame, née CLERVAUX.

Bien que l’origine de cette demeure reste incertaine, des documents datant du tout début du 17ème siècle, liés à l’activité du fer en Périgord, permettent d’identifier les propriétaires d’alors, une famille d’écuyers portant le nom de MAGNE. Divers documents, contrats, achats et ventes de terres, procès, nous permettent de suivre cette lignée jusqu’à la Révolution. La dernière propriétaire à porter le nom de MAGNE est Anne-Marie qui épouse François Pascal POUMEAU LAPOUYADE en 1822. Devenue veuve et après avoir perdu son enfant unique, elle recueille sa nièce Olympe THEUILLET, orpheline de père et de mère, qui héritera ses biens. Olympe épouse Théodore CLERVAUX en 1865. Un de leurs deux enfants, Léonce, né en 1868 héritera la maison.

Théodore et ensuite Léonce feront effectuer de très importants travaux de restauration et de mise au goût de l’époque. On peut citer : la suppression du pigeonnier et de la tour ronde située au Nord, la modification complète du bâtiment principal, initialement orienté vers l’église, par la création d’une façade principale de style haussmannien, orientée côté Sud, la construction d’une tour carrée destinée à distribuer les étages et à accueillir salles de bains et sanitaires, la suppression des granges, la cession de terrain pour l’élargissement de la route du village, la démolition d’une petite maison située à l’entrée du domaine, la construction de la grange actuelle et la plantation du parc. Au décès de Léonce en 1938, sa fille aînée Marcelle CLERVAUX ép. HELME-GUIZON hérite la maison. Peu de changements notables sont à reporter, la famille se consacrant surtout à la modernisation de la propriété agricole. Cependant, Raoul HELME-GUIZON, sensible à l’histoire des lieux, aura à cœur de rassembler différents objets de décoration. Parmi ceux-ci, on peut voir dans le parc deux réverbères Napoléon III de la ville de Paris trouvés dans un atelier de démolition et une inattendue tête du grand Condé, sculptée par David d’Angers, qui se trouvait dans la cour de Saint Cyr et devait être détruite compte tenu de son état suite aux bombardements de 1944.

Les propriétaires actuels, Monsieur et Madame CHASSAING née HELME-GUIZON, continuent depuis 1995 l’œuvre de leurs prédécesseurs dans le respect des marques laissées par les différentes époques et le souci d’en retrouver l’histoire.

 

Panorama depuis l’ancienne 704

Nous reprenons notre périple en direction de La Chabroulie en passant par La Barronie et La Razoire où nous faisons une halte sur le délaissé de l’ancienne RN 704 depuis lequel la vue s’ouvre sur un paysage magnifique, Hautefort, la butte de Chassaing, les collines du Limousin ainsi que les Monédières. Pendant que nous observons à loisir le paysage, Pierre VILLOT nous commente histoire et géographie du lieu : la légende de l’origine du château de Hautefort, le passage de Charlemagne de retour des Pyrénées, l’histoire militaire de la butte de Chassaing, les particularités géographiques observées, le “cirque” de Nailhac, le tracé de la Route Napoléon.

Nous ne sommes plus qu’à un saut de puce de notre destination finale, La Chabroulie, que nous atteignons en quelques minutes.

 

La Chabroulie

Le porche franchi, nous découvrons un espace magnifique dans lequel s’épanouissent des cèdres centenaires et au bout d’une allée, légèrement surélevée, la propriété : deux ailes de style 18ème, à l’angle desquelles s’élève une petite tour. L’ensemble couvert d’ardoises. Les murs de la partie Ouest sont habillés de vigne vierge. Madame Loïde de BENOIST et son fils Emmanuel nous accueillent. Ce dernier prend tout de suite la parole pour nous résumer l’histoire de ce lieu et de ses propriétaires successifs. Pendant qu’il parle, le regard est attiré par un paysage magnifique de collines du Nord de la Dordogne, mais surtout une vue extraordinaire sur Hautefort et son château dont la masse familière se découpe sur un ciel redevenu bleu, décoré de nuages. Tout inspire l’admiration, les façades soigneusement restaurées tout en assurant le confort moderne dont peut profiter Madame de BENOIST qui y réside à l’année, l’équilibre architectural des deux corps avec leur petite tour placée comme une charnière, la pierre blonde des murs rehaussée par un ravalement récent. Un cadran solaire en plomb, très enrichi de détails “astrono-astrologiques” très en vogue au siècle des lumières, repose sur une petite table de pierre. En contournant le bâtiment on accède à un espace de réception à partir duquel on peut admirer une galerie à colonnes de pierres, pavée en pichat (communément appelé pisé), accrochée à l’aile Nord. Un cèdre magnifique vient agrémenter cet espace. Un peu plus loin, un bâtiment en L dont l’un des corps est une petite chapelle. La façade de celle-ci est surmontée d’une jolie lucarne dans laquelle est encastrée une cloche.

 

Épilogue

Le maître d’œuvre  de cette sortie découverte, Pierre VILLOT, dont il faut souligner l’organisation “au millimètre près” a prévu une séquence rafraîchissement. C’est ainsi que chacun de nous a pu s’entretenir très librement avec Madame de BENOIST, son fils et ses deux filles, qui nous avaient fait, elles aussi, l’honneur et le plaisir de leur présence. Nous remercions une fois encore cette famille pour la gentillesse et la qualité de son accueil.

Pour clore cette journée, notre présidente, Madame Sylvette MICHEL, a remis un petit cadeau de remerciement à nos hôtes d’un jour.

Jacques Pistré

 

1 Pour plus de détails, voir HNP "Recueil de Documents" tome 3, pp 248 à 253

2 Une plaque apposée sur le mur d’enceinte place de l’église rappelle ces évènements

3 Voir les détails de cette histoire dans HNP "Recueil de Documents" tome 3, pp 255 à 264

4 Voir l’article "Reynaud de Larochette une famille de "nobles bourgeois" et leur repaire sous l’Ancien Régime et la Révolution" – Thomas McDonald, Bulletin de la Société Historique et Archéologique du Périgord – Tome CXXXI (2004)

On peut aussi se référer au compte rendu de l’assemblée générale HNP du 16 avril 2011, "LA ROCHETTE : UNE CHARTREUSE, UNE FAMILLE", rédigé par Daniel BLONDY.

5 Les commentaires et descriptions qui suivent constituent un résumé des notes très documentées, aimablement transmises par Madame Odile CHASSAING.

 

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