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9 août 2011 - Grandes heures de l'Occitanie

Les grandes heures de l'Occitanie

Les grandes heures de l’Occitanie

par Pierre Martial - 9 août 2011

 

Les grandes étapes.
De l’arrivée des Romains à Marseille
à la fondation du Félibrige et du Bournat

 

L’occupation des Romains

Traditionnellement, l’origine de l’Occitanie se confond avec la fondation de Marseille (Massalia) par les Phocéens, en 600 avant J.C. Plus tard, les Romains appelés à leur secours pour les préserver des pirates, s’installent dans la région. Ils occupent l’Espagne qu’ils relient à l’Italie par plusieurs voies terrestres. Jules César conquiert la Gaule et crée la première Aquitaine.

 

Le royaume des Wisigoths

Venus de l’Est au cinquième siècle, les Wisigoths, envahissent l’Occitanie ; Bordeaux puis Toulouse seront leur capitale. Ils passent ensuite les Pyrénées et fondent le royaume d’Espagne.

 

Le trésor culturel des Troubadours

La féodalité favorise la naissance d’un art nouveau, celui des troubadours : citons Guillaume IX duc d’Aquitaine, grand Père d’Aliénor, mais aussi Bertran de Born, Arnault Daniel, Girault de Borneil pour le Périgord. Ils s’expriment en langue romane, première langue littéraire d’Europe. L’amour des troubadours crée la politesse occidentale et le code amoureux et galant de la noblesse française.

 

La Croisade contre les Albigeois

Simon de Montfort prend le commandement de la croisade contre l’hérésie cathare ordonnée par le Pape Innocent III. La chute de Monségur en 1224 et surtout l’intervention armée de Louis IX porteront un premier coup à l’idée d’indépendance de l’Occitanie.

 

L’Avignon des Papes

Clément V, élu en 1312, s’installe à Avignon ; six autres pontifes français, plus précisément occitans, lui succèderont.

 

François 1er et la Révolution

En instituant le français comme langue exclusive officielle, l’ordonnance de Villers-Cauterets supprime petit à petit la langue d’oc, principal vecteur de l’unité occitane. La révolution dans un souci d’unification du territoire, instaure le Français comme langue parlée unique.

 

Aujourd’hui

En créant le félibrige, Mistral s’impose : il veut de l’Occitanie restaurer l’unité. Le félibrige rassemble des associations des différentes régions occitanes, tels le Bournat du Périgord ou l’Institut d’Études Occitanes créé, au lendemain de la dernière guerre.

 

Pierre Martial
Membre de l’Académie de Provence
Vice-président du Bournat du Périgord


 


 

 

La Conférence

 

Tout commence vers 600 avant notre ère par la fondation de Marseille par les Phocéens. La légende veut que la fille du roi des Ségobriges, peuplade celte qui règne alors sur la région, choisisse un des chefs de l’expédition phocéenne.

 

Leurs descendants essaimeront le long de la côte et fonderont Nice (Nikaia, la “Victorieuse”), Antibes (Antipolis, la ville qui fait face, de l’autre côté de la baie des Anges), Aleria (Alalia) en Corse et investissent Arles (Arelate, “la cité près des marécages”, dénomination celte).

Ils amènent la vigne, la céramique, l’écriture, la monnaie, etc. Mais la prospérité de Massalia va faire des envieux, les pirates ligures attaquent leurs bateaux, et sur terre, des tribus hostiles dévastent leur territoire. Face à ces fléaux, les Massaliotes font appel aux Romains, qui les délivrent des pirates et des redoutables Salyens. Les Arvernes tenteront de leur porter secours mais seront vaincus et le royaume arverne supprimé. Fort de ces succès les Romains poussent leur avantage jusqu’aux Pyrénées, créent Narbonne (Colonia Narbo Martius, Narbo toponyme celte ou ibère signifie “Habitation proche de l’eau”, Martius, Mars, dieu romain de la Guerre, protecteur de la nouvelle cité) et pour relier l’Espagne à Rome, le consul Domitius Ahenobarbus va construire une route qui portera son nom la via Domicia. Les armées vont alors prendre le contrôle de deux grands axes de communication l’un le long du Rhône, l’autre qui, suivant la Garonne et la Gironde atteint l’Atlantique. Il y aura de nombreuses batailles, pas toujours en faveur des Romains. Rome réagit et envoie Jules César rétablir l’ordre. Ce sera l’épisode de la guerre des Gaules, qui se terminera en 52 avant J.-C. avec la défaite de Vercingétorix, et la prise du l’oppidum d’Uxellodunum près de Cahors. Ainsi sera créée la 1ère Aquitaine ou Novempopulanie. Mais c’est Auguste, son successeur, qui va pacifier la Gaule en venant à bout des derniers résistants, les Aquitains et les Germains, laissant un peuple libre, les Basques. Il va réorganiser la Gaule en 3 provinces distinctes de la Narbonnaise, la Belgique, la Lyonnaise et l’Aquitaine avec Saintes puis Bordeaux pour capitale. Suivra la paix romaine, avec la création des vignobles, des villas, des monuments (arcs de triomphe, arènes, temples), des villes nouvelles comme Périgueux et des grands axes de communication.

 

Vers la fin du 3ème siècle le nom des villes va se délatiniser et prendre celui des populations qui les occupent : Vésuna cité des Pétrocores devient Périgueux, Divona cité des Cadurques, Cadurci puis Cahors, Augusta cité des Ausques, Aucii puis Auch etc… Les noms en ac font leur apparition près des Pyrénées, Fezensac, Armagnac, Astarac, etc. et la langue va évoluer. Mais l’événement majeur de cette époque qui va changer bien des choses c’est l’avènement du christianisme avec son lot de martyrs jusqu’à sa reconnaissance comme religion officielle de l’Empire par Constantin le Grand en 313 par l’édit de Milan.

C’est au 5ème siècle que les Visigoths envahissent l’Occitanie, font de Bordeaux leur capitale avant de franchir les Pyrénées et fonder le 1er royaume d’Espagne. Des statues sur la place d’Orient à Madrid rappellent cette fondation, la ville est incorporée dans le royaume de Toulouse, la nouvelle capitale. En 711 c’est l’arrivée des Sarrazins en Espagne qui se lancent à la conquête de l’ancien royaume wisigoth, mais ils seront arrêtés à Poitiers en 732.

 

Il y aura d’autres invasions ; celle des Normands va donner naissance aux châteaux forts et par la même à ceux qui vont distraire les châtelains, les troubadours. Le premier est Guillaume de Poitiers, duc d’Aquitaine. En 1126 sa petite fille Aliénor lui succède ; elle favorise les artistes. Puis arrive la croisade contre les Albigeois menée en grande partie par Simon de Montfort qui sera tué devant Toulouse en 1218. C’est Saint Louis qui met fin au catharisme et obtient la soumission du comte de Toulouse et rétablit sa suzeraineté sur la Provence et le Languedoc.

Un autre épisode important est l’installation des Papes à Avignon, tous français, les seuls - avec Gerbert d’Aurillac en l’an mille - et tous occitans dont deux, Clément V, seigneur de Bigaroque, et Jean XII, nous sont proches. Que reste-t-il de cette époque troublée ? Le symbole le plus ostentatoire, c’est bien la croix occitane ou croix de Toulouse croix très ancienne qu’Emma de Venasque héritière du Marquisat de Provence apporta à son époux Guilhem Taillefer comte de Toulouse. En 1211 Raymond VI l’adopte sur son sceau. Elle figure depuis sur les armes de la ville.

 

À la renaissance, François 1er en signant l’ordonnance de Villers-Cauterets qui institue le français comme langue officielle exclusive de l’administration et du droit, va porter un coup fatal à l’unité de l’Occitanie en détruisant son principal vecteur, la langue d’oc héritée des Romains. Il rattachera le Quercy et une partie de l’Auvergne à la couronne. Henri IV, lui, rattachera le Périgord et le Rouergue au domaine royal. Il y aura aussi des épidémies comme celle de Marseille en 1725 qui fera 150 000 morts. Un Périgourdin, Mgr de Belzunce, se distinguera en portant secours aux pestiférés. Au moment de la Révolution, l’abbé Grégoire et Talleyrand ordonneront également que le Français soit langue nationale.

Enfin, vers le milieu du XIXème siècle va refleurir un regain d’intérêt pour notre langue et des auteurs comme Lachambeaudie, vont prendre conscience de tout ce passé et écrire en langue d’oc. Mais, en créant le félibrige, Frédéric Mistral sera le véritable restaurateur de l’unité occitane. Ce mouvement rassemble des associassions représentantes des différentes régions de l’Occitanie - tel le Bornat pour le Périgord - ainsi que l’Institut d’Études Occitanes créé au lendemain de la dernière guerre.

Daniel Blondy


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