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16 décembre 2011 - Orélie-Antoine de Tounens

Orélie-Antoine de Tounens, roi d'Araucanie et de Patagonie

Orélie-Antoine de Tounens, roi d'Araucanie et de Patagonie
par son Excellence le Prince Philippe Paul Alexender Henry Boiry

16 décembre 2011

 

La famille de Tounens situe l’origine de son nom dans sa filiation avec la famille féodale Féréol de Tonneins en Lot et Garonne. Cependant, l’implantation Périgourdine des Tounens est attestée dès 1606, successivement dans les hameaux de Brouchaud, Soumeil et Chourgnac.

En 1825, Aurélie Antoine de Tounens nait à la Chèze, domaine que son père avait acquis en 1782 et notablement fait prospérer. Sur les conseils de l’instituteur, Jean de Tounens encourage son fils Aurélie Antoine à faire des études, ce qui n’est pas courant à l’époque, y compris dans les familles aisées. Après des études de droit et un stage chez un avoué en Avignon, Aurélie Antoine acquiert une étude d’avoué à Périgueux et s’intègre sans difficulté dans son milieu professionnel local. Il est reçu à la loge maçonnique de Périgueux et mène une vie de notable de province.

 

Depuis l’enfance, son attention est attirée par le continent américain. Les géographies universelles de l’époque présentent de grandes étendues qui ne sont sous l’autorité d’aucun État. Aurélie Antoine pense que la France, qui n’a plus aucune possession en Amérique du nord, pourrait restaurer son influence sur ce continent. Dans le contexte de l’époque, il faut rappeler que l’Amérique attire des aventuriers de tous les milieux sociaux : un grand conquérant comme Pizzare était éleveur de cochon en Extramadure, un vice-roi d’Espagne était notaire. Un avoué de Périgueux deviendra Roi d’Araucanie et de Patagonie.

 

L’Araucanie est un des états qui le font rêver. L’indépendance et le courage caractérisent le peuple des indiens Mapuches. Jamais l’Espagne ne soumettra l’Araucanie, ni la Patagonie. Dans “La Araucania”, récit épique en langue espagnole, Alonso de Hersilla, écrivain qui a fait partie de l’armée des conquérants, salue le courage exceptionnel de ces hommes. Voltaire trouve dans ce récit de leur résistance un modèle pour la lutte d’un peuple pour l’indépendance. Depuis le 17ème siècle et jusqu’au dernier traité en 1803, 32 traités auront été signés et chacun de ces traités garantit l’indépendance de ces États.

Qui sont ces indiens Mapuches ? La hiérarchie sociale de ce peuple est assez complexe, plusieurs niveaux de décision organisent l’autorité politique : depuis le Cacique, qui dirige une communauté équivalente à une famille élargie, au Toki, qui en tant de guerre occupe la plus haute fonction et doit mener son peuple à la victoire. En 1858, le Toki qu’on appelle Magnil, est royaliste, c’est-à-dire, loyal vis-à-vis de l’Espagne dont les différents traités font un État allié. Magnil dit alors à son fils : “ce qu’il nous faudrait, c’est un roi Espagnol pour signer des accords avec le Chili”. C’est à ce moment là qu’Aurélie Antoine de Tounens, qui a vendu son étude d’avoué à Périgueux, débarque avec l’intention de proposer aux Mapuches de mener la guerre contre le Chili pour conserver leur indépendance. Les mapuches l’adoptent. On s’est beaucoup interrogé sur les raisons pour lesquelles les Mapuches l’ont élu. Il y a deux raisons à cela : tout d’abord, il répond à cette attente politique, ensuite, depuis quelques temps déjà, les Machis, prêtresses de la religion Mapuche annoncent qu’un homme blanc va venir libérer le peuple de la pression chilienne.

 

Aurélie Antoine, si l’on veut bien examiner les données précises de son parcours, n’est pas le doux rêveur illuminé que l’on présente souvent. Avoué à Périgueux de 1852 à 1858, il double le chiffre d’affaire de son étude. Issu du milieu rural, il s’intègre à la vie intellectuelle locale. Il est notamment nommé secrétaire général de la chambre des avoués de Dordogne par ses confrères, ce qui prouve son dynamisme, sa fiabilité et son sérieux. En 1858, il abandonne cette vie bien établie pour débarquer sur le continent américain, à l’issue d’une traversée de 8 mois.

 

En deux ans, il apprend l’espagnol et s’imprègne de la langue des indiens Mapuches. Par sa prestance et son éloquence - qualités très appréciées par ce peuple - il appelle les Mapuches à faire leur unité et lui laisser organiser la défense contre le Chili. Acclamé Roi en 1860, il ira, au cours de cette année, de communauté en communauté pour faire confirmer son élection, tant sur le plan politique que religieux.

La Patagonie et l’Araucanie sont séparées par les Andes, mais leurs deux peuples sont Mapuches. Le Toki de Patagonie, nommé Kalfakura, souhaite que les deux peuples se rejoignent sous la même autorité. Aurélie Antoine déclare qu’une seule et même nation constitue le Royaume de Patagonie et d’Araucanie ou Nouvelle France. Il envoie aux journaux chiliens le texte de sa constitution et, suite à cette publication, les Jésuites de Santiago se positionnent en faveur de la paix avec les Araucaniens.

 

C’est sur ces bases très favorables qu’il rentre en France dans l’espoir qu’un grand emprunt pourra être levé en faveur de son projet. Il peut espérer le soutien de Napoléon III. Malheureusement, la presse française ne prend pas la démarche d’Aurélie Antoine au sérieux et ce malgré les nombreux précédents qui illustrent les succès réalisés lors d’aventures comparables. Le manque de considération de la presse lui fera beaucoup de tort.

Jusqu’à la fin, la vie d’Aurélie Antoine de Tounens fera désormais une alternance de séjours en Amérique latine, où il consolide les bases politiques et la résistance militaire de son peuple, et en Europe, où il s’efforce de lever des fonds financiers. En 1862, il débarque sur les côtes du Chili avec l’ensemble de la flotte française du Pacifique. L’armée Chilienne le fait enlever et juger pour tentative de soulèvement contre l’autorité chilienne. La défense qu’il oppose dans cet affrontement avec les juridictions civiles et militaires est imparable : il ne saurait y avoir d’autorité chilienne dans un pays où ni l’armée, ni la monnaie, ni les lois chiliennes n’ont cours, un pays auquel les traités de paix avec l’Espagne reconnaissent son indépendance. Devant cette démonstration et malgré les expertises psychiatriques qui le déclarent parfaitement sain d’esprit, les chiliens déclarent Aurélie Antoine fou et réussissent à le décrédibiliser auprès des français.

 

Son suivant séjour en Amérique latine commence à Buenos Aires en compagnie d’un jeune Français qui a souhaité le soutenir dans cette aventure. Tous deux traversent le désert des Pampas, réalisant ainsi un véritable exploit. Ils parviennent chez le Toki Kalfakura. De là, il rejoint l’Araucanie où il mène la guerre, à cheval parmi les indiens Mapuches. Il nomme un conseil des ministres et établit un gouvernement avant de repartir. Et c’est cette fois auprès de financiers anglais qu’il s’efforce de promouvoir son projet. Le consul du Chili multiplie les courriers auprès du Premier Ministre anglais et réussit à empêcher cette nouvelle entreprise.

Le voyage suivant commence à Montevideo où il débarque en compagnie de 4 français, muni d’un faux passeport au nom de Juan Prat. Il a là l’extraordinaire malchance d’être reconnu par un officier chilien qui l’avait aperçu des années auparavant, lors de sa rencontre avec Kalfakura. Il est mis en prison et suite à cette nouvelle incarcération, il tombe gravement malade. Il subit alors une opération chirurgicale lourde et délicate, pour la pose d’un anus artificiel due aux séquelles de ce qui est sans doute un cancer des intestins. Ce traitement l’a tellement éprouvé qu’il refuse de donner suites aux soins recommandés à son arrivée à Bordeaux. Peu de temps après, en 1878, Aurélie Antoine de Tounens meurt à Tourtoirac.

 

Les deux premières personnes qui lui ont succédé faisaient partie de son entourage de longue date : tout d’abord Achille Lagarde qui consacre toute sa fortune à sa tâche. On compte alors 60 consuls d’Araucanie dans le monde. Puis, en 1902 Antoine Cros, frère de Charles Cros. Celui-ci meurt un an après seulement et c’est sa fille Laure Thérèse qui lui succède. On trouve alors les traces d’un gouvernement provisoire d’Araucanie en France, mais on dispose de peu d’éléments car les archives ont été brulées au début de la guerre. Jacques Antoine, fils de Laure Thérèse lui succède en 1916. Ayant été un farouche défenseur de la présence Allemande en France et favorable officiellement à la collaboration, celui-ci est incarcéré. L’actuel Prince d’Araucanie fait sa connaissance à sa sortie de prison. Leurs échanges et l’évocation d’une filiation commune (une aïeule de Philippe ayant été la cousine d’Aurélie Antoine) décide Jacques Antoine à faire de Philippe son successeur.

 

Celui-ci témoigne des nombreuses protestations faites auprès des Nations Unies et des comités internationaux des Droits de l’Homme au Chili et en Argentine : violations permanentes des droits des Mapuches, annexions des territoires et ventes des terrains à de grosses compagnies d’exploitation des forêts qui détruisent les ressources écologiques des Mapuches, constructions de barrages hydroélectriques… Les Mapuches sont systématiquement déboutés de leurs plaintes devant les tribunaux malgré leurs titres de propriété. Au Chili, ils sont arrêtés comme terroristes, comme les résistants français étaient qualifiés de terroristes par les Allemands pendant la guerre. Ils défilent dans Santiago et en Argentine. Des décisions importantes ont été prises par les Nations Unies qui donnent des droits à tous les peuples indigènes du monde, mais ni le Chili ni l’Argentine ne les respectent. Pour l’actuel Prince d’Araucanie, la lutte consiste à faire connaître la situation des Mapuches à travers le monde par le biais d’internet, de rencontres avec des associations et des intellectuels. Les fondements et les pratiques historiques, culturelles, juridiques, ainsi que la langue sont autant d’éléments qui pourraient permettre aux Mapuches de demander leur autonomie. On peut dire qu’en ayant doté ce peuple d’une constitution, Aurélie Antoine de Tounens lui a légué la meilleure arme juridique possible. De cet homme dont Eugène Leroy disait “je l’ai connu, c’était un homme honnête et un honnête homme”, le Périgord a toutes les raisons d’être fier.

Françoise de Rugy

 


 

Le Prince Philippe Paul Alexender Henry Boiry
Présentation

 

Né en février 1927, le Prince entre dans la Résistance à 15 ans, intègre le réseau Vengeance en novembre 1943. Il est arrêté le 4 juin 1944. Évadé, il participe aux combats de la Libération de Paris.

Le prince Philippe d’Araucanie préside l’Association Nationale des Combattants Volontaires de la Résistance, est vice-président du Comité d’Action de la Résistance et président d’honneur des Combattants de moins de 20 ans, est titulaire de nombreuses décorations françaises et étrangères (Chevalier de la Légion d’Honneur, de l’Ordre National du Mérite, Croix du combattant volontaire de la Résistance, Croix du combattant volontaire 1939-1945, Commandeur de l’ordre des Palmes académiques, Officier de l’Ordre des Arts et Lettres, + 2 décorations américaines, croix de guerre polonaise).

 

À la Libération, il est journaliste à l’Aurore et à Combat durant 10 ans. Il entre en 1955 à l’agence de relations publiques puis fonde sa propre agence qu’il dirige durant 23 ans.

En 1981, Ph. Boiry décide de se reconvertir dans l’enseignement privé et crée un Institut Supérieur d’Enseignement des Relations Publiques (I.S.E.R.P.), qui deviendra la faculté libre des sciences de la communication dont il deviendra Doyen en 1989 (faculté du ressort de l’académie de Versailles située à Levallois-Perret).

Le Prince a publié une cinquantaine de livres (traductions en espagnol, portugais, russe), il est professeur honoraire de l’Université d’État de Moscou.

Il a été désigné successeur d’Antoine III (Jacques-Antoine Bernard) en 1951.

Philippe Chariéras


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